La transition énergétique nécessite des investissements colossaux : selon l'Agence Internationale de l'Énergie (AIE), près de 5 000 milliards de dollars par an seraient nécessaires à l'échelle mondiale d'ici 2030 pour atteindre la neutralité carbone.
En France, le Panorama annuel des financements climat (Institut I4CE) estime qu’il faudrait 50 Mds€ par an dédiés à la rénovation énergétique pour tenir l’ambition 2030 de baisse de 55% de gaz à effet de serre (vs. 1990). D’ores et déjà, de nombreuses réglementations sont mises en œuvre afin de respecter ces engagements ; tant pour les particuliers que pour les entreprises, objet de notre article.
Spécifiquement, les entreprises sont soumises au Décret Tertiaire, qui a pour objectif de réduire la consommation d'énergie des bâtiments du secteur tertiaire, à hauteur de 40% dès 2030 (vs. une année de référence post 2010).
Les entreprises doivent ainsi anticiper cette obligation au travers du lancement de projets permettant d’atteindre ces objectifs ambitieux ; la rénovation énergétique des bâtiments étant l’un des moyens les plus efficaces d’y parvenir. Ces projets sont complexes et nécessitent d’importants financements. Ils peuvent toutefois également être rapidement vecteurs de valeur s’ils sont correctement définis.
Les outils prédictifs sont la clé de voûte d’une trajectoire rentable de mise en conformité
En effet, ces opérations (par exemple, isolation thermique) génèrent des économies sur les dépenses d’énergie. En théorie, cette situation devrait être attirante pour les propriétaires et les gestionnaires immobiliers. Mais, en pratique, nombre d’entre eux hésitent encore à se lancer du fait des incertitudes sur ce retour sur investissement ; incertitudes générées d’un côté, par les coûts et les délais de réalisation et, de l’autre, par la variation des prix de l’énergie dans le temps.
Ces incertitudes peuvent être réduites grâce à des outils de simulation, qui permettent d’envisager différents scénarios de programmes de travaux, avec pour chacun d’entre eux, une estimation des coûts de rénovation et les économies potentielles correspondantes. On citera notamment les plateformes Sitowie et Optee qui utilisent des modèles prédictifs d’aide à la décision.
Sitowie simule différentes trajectoires de rénovation, en fonction de l’évolution des matériaux et des composants selon un modèle propriétaire. Optee, quant à lui, utilise l’IA pour simuler différents projets de rénovation et ainsi comparer les économies d’énergies et les retours sur investissements associés. Ces deux solutions utilisent :
- les caractéristiques techniques des bâtiments (superficie, matériaux, équipements) et une modélisation des différents types de travaux et de leurs impacts ;
- une évaluation des économies d’énergie, sur la base des données historiques de consommation énergétique et des performances énergétiques des travaux envisagés.
Le financement des projets combine aides publiques et prêts bancaires
Une fois qu’un plan de rénovation énergétique est établi et validé par l’entreprise, se pose la question du financement des travaux.
Aujourd’hui il existe plusieurs types d’aides publiques dédiées aux travaux de rénovation énergétique. Le dispositif principal porte sur les primes CEE (Certificats d’Économie d’Énergie) qui sont payées par les fournisseurs d'énergie afin de remplir leurs obligations de réduction de consommation énergétique. Ces primes sont in fine versées aux entreprises (et également aux particuliers) qui engagent des travaux d’économie d’énergie. En une vingtaine d’années, les CEE sont devenus l’un des principaux leviers de maîtrise de la demande énergétique en France, brassant environ 5 milliards d’euros par an.
En complément de ces aides, deux autres mécanismes sont à prendre en compte : (a) les contrats de performance énergétique (CPE), et (b) les prêts verts distribués par les banques.
Les CPE sont des accords dans lesquels un prestataire spécialisé s’engage à garantir des économies d'énergie sur une période déterminée. Ces économies, mesurées via des outils de suivi en temps réel, sont ensuite utilisées pour rembourser, partiellement ou totalement, le coût des travaux de rénovation. Toutefois, les CPE sont des contrats complexes et coûteux (frais d’audit et de suivi) qui nécessitent des négociations approfondies entre les parties, ce qui les réserve principalement aux projets d'envergure.
Pour la majorité des travaux de rénovation énergétique, les prêts bancaires verts constituent une solution de financement plus simple et flexible. Souvent proposés avec des conditions avantageuses (taux d’intérêt réduits ou périodes de remboursement allongées), ces prêts n’exigent pas d’engagement contractuel sur les économies d’énergie réalisées. En conséquence, les prêts verts sont une option idéale pour les projets de rénovation de taille moyenne ou petite.
Les prêts verts et les CPE peuvent se cumuler dans certains projets de grande ampleur, et ainsi financer des rénovations ambitieuses.
Les banques ont une opportunité majeure à saisir
Ainsi, de nombreux dispositifs, tant sur la définition du plan de rénovation que sur le financement, sont déjà disponibles pour faciliter les projets de rénovation énergétique. Toutefois, selon l’Institut I4CE, moins de 50% des investissements nécessaires dans le domaine sont effectivement réalisés aujourd’hui. La rénovation énergétique constitue donc une opportunité importante pour le secteur financier, dont le potentiel demeure pleinement à saisir. Outre la perspective de distribution de nouveaux crédits, elle permet aux banques de contribuer au respect de leurs obligations règlementaires, avec des contraintes actuelles fortes sur le verdissement du bilan (notamment reporting CSRD ou Green Asset Ratio).
Afin de renforcer les offres de prêts verts existants, les banques devraient se positionner comme un partenaire privilégié des projets de rénovation, en accompagnant les clients de bout en bout sur ces initiatives. Cela peut s’accomplir au travers de différents leviers :
- Le développement d’un écosystème autour de start-ups spécialisées, notamment sur des outils de simulation de différents scénarios ;
- Des formations poussées des conseillers afin qu’ils accompagnent leurs clients sur l’optimisation des différentes options de financement, y compris publiques;
- Des offres toujours plus adaptées aux besoins des clients, avec des produits répondant à des besoins spécifiques sur certains segments, à l’instar des bailleurs sociaux, qui font face à des enjeux forts tant à niveau social qu’environnemental.
Les banques, en devenant les moteurs de cette transition énergétique, pourraient jouer un rôle central dans l’économie verte, au bénéfice de la planète.
Le Groupe Sopra Steria accompagne historiquement les grandes entreprises de l'immobilier au travers de sa filiale Sopra Real Estate Software (SRES). En collaborant avec un écosystème de partenaires spécialisés, nous aidons nos clients à répondre aux exigences du Décret Tertiaire et des réglementations environnementales, tout en optimisant leurs projets pour une transition énergétique efficace et durable. Grâce à une meilleure définition et compréhension de leurs besoins de rénovation énergétique, nous facilitons également le montage et l'exécution de dossiers de financement.