Avoir un stock de pièces détachées, une nécessité

par Erik Lervaag - Ingénieur senior en convergence IT/OT chez Sopra Steria Norvège
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En 2021, les délais pour obtenir de nouveaux équipements s'étendaient jusqu'à un an, en partie à cause des fermetures d'usines liées à la pandémie COVID-19. Alors que l’avenir s’annonce de plus en plus incertain, réfléchir dès à présent à une stratégie de pièces détachées de long terme s’impose, explique Erik Lervåg, ingénieur senior IT/OT chez Sopra Steria Norvège.

En 2021, pendant la pandémie, obtenir de nouveaux équipements et pièces est devenu un cauchemar. De nombreuses usines produisant des composants, notamment des transistors et des puces électroniques, ont fermé à cause du Covid.
Souvenez-vous, cette année-là, le canal de Suez a été bloqué pendant sept jours par un navire, forçant les autres cargos à contourner l’Afrique. Cela a causé des retards de livraison et des délais de plusieurs mois pour, notamment, les équipements informatiques (IT) et technologiques opérationnels (OT), ce qui a entraîné des retards de projets ou des réparations repoussées. Dans certains cas, les fabricants ont choisi de livrer des produits incomplets, comme Tesla qui a livré des voitures sans ports USB ni bornes de recharge à cause de la pénurie des puces.

Résilience opérationnelle
En période « normale », on peut compter sur les fournisseurs, importateurs ou grossistes pour disposer d’un petit stock de pièces, permettant une livraison en quelques jours voire quelques heures. Quand la production est à l'arrêt, le délai de réception des pièces nécessaires à des réparations est généralement acceptable. Mais quand la situation se complique, comme en 2021, cela devient impossible.

C’est pourquoi garantir une résilience opérationnelle est essentiel. Si vous souhaitez sécuriser votre production, vous devez absolument prendre des mesures pour assurer la disponibilité des pièces et équipements nécessaires. Vous pouvez, en premier lieu, établir un contrat de service (SLA – Service Level Agreement), exigeant du fournisseur qu’il maintienne un stock de pièces. Mais il est encore plus simple et sûr de maintenir votre propre stock de pièces détachées.

En effet, avec un stock local, vous supprimez les délais de livraison, vous pouvez effectuer les réparations immédiatement et vous minimisez les arrêts de production. Les pertes de production représentent un coût à ne pas négliger. Cela est d’autant plus important dans l’OT, où les systèmes ont souvent une durée de vie de 10 à 30 ans. Un stock local permet donc de limiter également les effets de l’arrêt de fabrication de certains équipements par les constructeurs.

Évidemment, maintenir un stock peut affecter certains indicateurs financiers clés : ratios de liquidité, délais de crédit, fonds de roulement. Mais comparés aux pertes liées à l’arrêt de la production, est-ce si important ?

Influences mondiales

TSMC, à Taïwan, détient plus de 50 % du marché des transistors, tandis que Samsung, en Corée du Sud, en détient environ 17 %. Presque toute l’électronique dépend des puces, elles-mêmes fabriquées à partir de transistors. Peu rassurant quand on sait que la Corée du Sud est menacée par la Corée du Nord et que Taïwan est sous pression de la Chine. Toute perturbation de ces chaînes d’approvisionnement aurait des répercussions mondiales.

Un point commun entre ces deux pays ? L’implication des États-Unis dans le maintien de la stabilité. Les USA sont alliés à la Corée du Sud, et sous l’administration Biden, ils ont affirmé à plusieurs reprises leur soutien à Taïwan – une position remarquablement claire en diplomatie.

Mais le 6 novembre 2024, Donald Trump a été élu président des États-Unis, et sa position sur Taïwan est restée floue. Il a parfois esquivé la question concernant la défense de Taïwan, et a aussi déclaré que Taïwan devrait payer pour obtenir un soutien.

De nombreux pays renforcent également leurs barrières commerciales, ce qui rend les échanges transfrontaliers plus coûteux. Ces dernières années, l’UE, la Chine et les États-Unis ont augmenté les droits de douane sur plusieurs produits, et certains ont même été interdits aux entreprises. Durant sa campagne, Trump a annoncé vouloir imposer des droits de douane sur toutes les importations aux États-Unis.

Les routes maritimes sont elles aussi concernées. La mer Rouge, accès au canal de Suez, est impactée par des conflits militaires impliquant Israël, la Palestine, le Liban, l’Iran, et même, dans une certaine mesure les États-Unis et le Yémen. Il faut donc contourner l’Afrique, ce qui ajoute en moyenne 7 à 10 jours au trajet et fait grimper les coûts d’expédition, et donc le prix des produits.

Les entreprises européennes ont donc tout intérêt à se préparer dès maintenant à des temps plus turbulents. Une des mesures possibles : sécuriser leur propre approvisionnement en pièces détachées, tant pour l’entretien que pour les nouveaux projets.

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